#5 Zoom Boom Partie 1 : Visio et cerveau font-ils vraiment bon ménage ?

Il y a une pratique qui touche la majorité d'entre nous dans notre sphère professionnelle, mais aussi de plus en plus souvent dans notre sphère personnelle : l'explosion du nombre de nos appels vidéo !

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Transcription

Guillaume : Bonjour à tous et à toutes ! Bienvenue dans ce nouvel épisode de Micro-ondes Cérébrales, l'émission qui réchauffe vos méninges. Moi c'est Guillaume et je suis avec Mélissa, salut !

Mélissa : Bonjour !

Guillaume : Nouvel épisode, nouvelle thématique, cette fois, nous allons vous parler d'une pratique qui touche la majorité d'entre nous dans notre sphère professionnelle, mais probablement aussi de plus en plus souvent dans notre sphère personnelle : l'explosion du nombre de nos appels vidéo !

Ce phénomène, on l'appelle le Zoom Boom et c'est le sujet de notre épisode du jour.

Alors Mélissa, à quoi ça correspond exactement ?

Mélissa : Le Zoom Boom, à la base, se réfère à l'explosion des appels Zoom lors des premiers confinements suite à la pandémie COVID-19. La fameuse application de vidéoconférence Zoom est passée d'un nombre de 10 millions d'utilisateurs quotidiens à 200 millions en à peine trois-quatre mois, arrivée au printemps 2020.

C’est l’explosion de la fameuse application de vidéoconférence Zoom pendant le COVID qui à donné son nom à ce phénomène.

Donc c'est surtout cette multiplication par 50 qui a donné son nom au "Zoom Boom", et qui aujourd'hui comprend donc l'explosion générale des appels en vidéoconférence dans la vie quotidienne.

Guillaume : C'est clair que pendant la pandémie, on a tous cherché à mettre en place des solutions pour continuer à échanger avec nos collègues, nos clients, organiser des temps de co-conception, de présentations. 

Je me souviens qu'en tant que designer d'interface, grâce à toutes ces solutions qui existaient déjà un peu, mais qu'on a vraiment appris à prendre en main à ce moment là, j'ai pu continuer mes projets pendant les deux confinements et tous les moments où on était beaucoup moins, voire pas du tout, en présentiel.

Cette évolution des échanges via visioconférence est devenue une pratique durable, qu'on l’apprécie ou pas.

D'ailleurs, cette évolution des échanges, qui est devenue mine de rien assez durable aujourd'hui et qu'on peut apprécier ou pas, ça m'a personnellement beaucoup rassuré dans ma décision de devenir freelance en 2020 et d'envisager de travailler avec des personnes qui étaient géographiquement éloignées de mon lieu de vie.

Mélissa : Oui, parce que finalement, avec les mesures sanitaires qui s'imposaient dont les confinements, on a pu assister à un véritable essor du télétravail qui force à l'usage des vidéoconférences pour remplacer les réunions en présentiel, mais aussi des appels vidéo avec la famille, avec les amis. 

Donc on a eu aussi beaucoup de cours en ligne qui ont été un recours pour les gens qui voulaient se former, mais aussi une opportunité. 

Beaucoup de monde a dû se former à ces applications, et pour certain.e.s ça a été une vraie opportunité.

Donc, beaucoup de personnes ont dû se familiariser avec ces applications, qu'elles soient Zoom, Microsoft avec Teams, et puis plein d'autres applications de messagerie classiques, WhatsApp ou Signal, sur lesquelles du coup, on faisait aussi des appels vidéo.

Guillaume : Oui, clairement. D'ailleurs avec mes proches, je n'avais pas de canal de discussion avant ça. Ça restait les appels téléphoniques classiques, tu vois. Mais avec le Covid, toute ma famille proche, mes parents, mes sœurs, tout le monde s'est mis sur WhatsApp et, bon gré mal gré, a appris à utiliser ce moyen de communication. Et maintenant, c'est resté : on s'écrit tous les jours.

D'ailleurs, cette installation grandissante dans la vie des appels vidéo, est-ce qu'on peut y associer un impact sur notre cerveau ?

Mélissa : Oui, parce que finalement, ce que demandent les appels vidéo, au-delà d'une bonne connexion Internet, c'est surtout une attention accrue qui va être très différente des conversations en présentiel. 

Une visioconférence demande plus d’énergie à notre cerveau qu’une conversation normale.

Et c'est cette demande d'attention supplémentaire qui demande beaucoup d'énergie au cerveau pour permettre de suivre les appels.

Guillaume : Ah oui, la même heure de conversation en présentiel, ça serait moins fatigant que de le faire en visio ?

Mélissa : En fait oui, parce que finalement, en fait, la conversation ne sera pas vraiment la même. Lorsqu'on a des conversations en présentiel, le cerveau est suffisamment équipé et il bénéficie de tous les éléments non-verbaux du langage pour traiter les messages envoyés et à envoyer. 

Donc, qu'il s'agisse du langage corporel, des expressions faciales, du parcours, du regard de son interlocuteur, etc... Le cerveau est capable de traiter ces informations pour nous aider à nous adapter. 

Au-delà du message, une conversation est aussi faite d’un ensemble d’éléments non-verbaux qu’il est plus difficile de cerner en visioconférence.

Notre propos, mais aussi notre vocabulaire, notre rythme, notre ton et le reste de notre langage non-verbal.

Guillaume : C'est vrai qu'au-delà de ce qui est dit, quand on discute, il y a beaucoup de choses qui passent aussi dans un échange par justement ce qu'on ne dit pas.

Mélissa : Oui, il y a une estimation qui a été faite il y a déjà des décennies par un psychologue de l'Université de Californie, Albert Mehrabian, que les coachs en communication connaissent bien mieux que moi. 

Et selon lui, plus de 90 % du langage est en fait non-verbal. Dans ce non-verbal, on a donc le paraverbal avec la voix, le ton et le rythme, et aussi tout le langage corporel. Donc finalement la part de langage verbal, donc les mots, ça reste une part minime dans tout le langage, et dans tout ce que le cerveau va interpréter. 

Selon Albert Mehrabian, psychologue de l’Université de Californie, plus de 90% du langage serait en fait non-verbal.

Donc peu importe le pourcentage exact, si la majorité des messages passe par le non-verbal et que celui-ci est beaucoup plus difficile à recevoir d'une certaine manière parce qu'on est en visioconférence, il faudra donc plus d'attention apporter pour traiter le même message. 

En visioconférence, on n'a pas un accès aussi vaste au langage corporel, regards qui se croisent, comme on regarde une caméra ou bien trop souvent sa propre tête. On porte donc une attention plus accrue car le cerveau reçoit "moins bien" ou avec des messages beaucoup plus subtils, comme un téléphone qui épuise un peu sa batterie, à chercher un wifi.

Guillaume : Oui, effectivement, je comprends mieux du coup pourquoi j'ai eu parfois du mal à être enthousiaste avant un afterwork en ligne vers la fin du confinement. 

Je redoutais l'arrivée de ces visios interminables, car au final on peut même carrément saturer tout ça quoi !

Mélissa : Oui, on peut vraiment saturer parce que c'est une fatigue. Et en fait, elle n'est pas tangible pour beaucoup d'entre nous. Et puis bien sûr, viennent se rajouter toutes les interruptions involontaires dans les conversations vidéo qui vont être dues à divers facteurs.

Ces nouveaux types d’échanges dématérialisés induisent une nouvelle fatigue multifactorielle peu tangible.

On peut avoir des interruptions faites par l'environnement dans lequel les participants ont cette visio, comme les bruits ou même les problèmes techniques.

Guillaume : Oui effectivement, le fameux : "Hey, vous avez coupé votre micro, Michel". On a tous eu ce cas de figure de ce membre de la famille ou de ce collègue qui a oublié d'appuyer sur le petit bouton. Moi même je ne jette pas la pierre, il m'arrive encore aujourd'hui, par soucis on va dire de confort, de couper mon micro quand c'est d'autres personnes qui parlent et d'oublier de le réactiver. 

Mais bon, le chat qui passe devant la caméra ou l'enfant qui débarque dans la pièce, à la limite c'est mignon, même si c'est pas toujours bien reçu selon les interlocuteurs. Mais ça me fait penser à toutes ces petites choses techniques qui peuvent planter, qui peuvent ne pas fonctionner dans ces moments-là, et qui moi perso m'ont beaucoup stressé au début : le micro qui fonctionne pas, la connexion qui lague, le partage d'écran qui, comme de par hasard, a décidé pour cette importante présentation de pas se lancer…

Beaucoup de facteurs peuvent générer du stress dans le cadre d’une visio : problème de connexion, soucis matériel, regard des autres.

Tout ça et les visios devant un écran de caméra coupées, que personnellement je trouve vraiment pas respectueux et presque terrifiant... Ça fait effectivement une charge de stress qui peut être importante.

Mélissa : Oui, c'est ça, à chaque interruption, ça demande encore une attention particulière. On a aussi de l'anxiété sociale aussi pour certains qui peuvent qui peuvent expliquer une partie en tout cas de ces caméras coupées. 

Mais en tout cas c'est vraiment une charge cognitive pour tout le monde et du coup quelque chose qui peut amener à une vraie fatigue cognitive.

Guillaume : Donc en gros, une discussion en visio fatigue beaucoup plus qu'en réel, ça tu l'as bien décrit. En tout cas, elle fatigue plus le cerveau à cause de tous ces petits besoins d'attention. 

Bon, rassure moi, y a pas vraiment d'autres conséquences négatives, si ?

Mélissa : En fait, le cerveau peut se fatiguer aussi indirectement avec les appels vidéo à cause de l'exposition trop grande aux écrans. Et donc là on est plus sur l'aspect purement physique. Donc ce ne sont pas directement les appels, mais comme on s'appelle beaucoup plus en vidéo qu'en présentiel, on passe donc plus de temps sur écran. 

Au-delà de la pratique en elle-même, la visioconférence a aussi un impact indirect : elle augmente notre temps d’écran.

Et ça commence à être assez connu, mais les écrans diffusent de la lumière bleue. Et cette dernière vient diminuer la production de mélatonine, qui est donc une hormone qui vient maintenir le rythme circadien. C'est-à-dire que la mélatonine, elle, assure en gros le bon équilibre réveil-sommeil, le fait qu'on ait sommeil tard le soir, etc.

Guillaume : Effectivement, je n'avais pas pensé à ça, mais ça renforce nos temps d'écran en fait, c'est clair ! Bon pour toi, pour moi, et je pense que pour beaucoup de gens qui nous écoutent, “malheureusement” il n'y a pas d'autre choix que de continuer à vivre connectés. 

En tout cas aujourd'hui c'est vraiment rentré dans notre quotidien, y compris en communiquant régulièrement par appels vidéo. Alors comment fait-on dans ces cas-là pour essayer de limiter justement un petit peu les effets secondaires ?

Mélissa : Le cerveau se fatigue avec les appels vidéo, mais c'est beaucoup mieux si on lui laisse le temps de se reposer. Donc on peut le jouer un petit peu plus stratégique, un petit peu plus planifié. 

Parce que même si on a adopté tous ces modes de communication presque en mode d'urgence, aujourd'hui, on peut mieux planifier, s'assurer de garder des sessions sans appel pendant la semaine. On peut aussi limiter la durée des appels. La tradition des réunions d'une heure par défaut, c'est terminé aujourd'hui. Je veux dire que l'on peut faire du 15, du 30 minutes. Ça devient des standards intéressants.

On peut limiter ces temps de visio. La tradition des réunions d’1 heure a d’ailleurs laissé place à des temps plus courts de 15 à 30 minutes.

 Et puis ensuite, dans la journée, on peut se réserver aussi des créneaux, des pauses, là sans meeting. Même quinze minutes pour laisser son cerveau, et son corps aussi, faire une pause.

Guillaume : Et pour la lumière bleue, du coup, là, on connaît un petit peu mieux le problème, j'imagine. Donc les solutions aussi ?

Mélissa : Oui, là il y a le choix. Il peut s'agir de filtres sur les écrans physiquement, c'est-à-dire des filtres en plastique, anti-lumière bleue qu'on pose sur ces écrans. Après, dans les écrans-même, on a aussi, ou dans les ordinateurs, on a aussi des options de luminosité d'écran que l'on peut utiliser avec moins de lumière bleue. 

Aujourd’hui il existe un large panel de solutions pour limiter les effets de la lumière bleue des écrans.

Et puis il y a aussi sur les lunettes, des filtres anti-lumière bleue et même des lentilles qui ont des filtres anti-lumière bleue qui peuvent être intégrés aussi. 

On a quand même beaucoup de solutions pour pallier à ça, il suffit simplement de les prendre.

Guillaume : Ok ! Bon aujourd'hui, on peut se dire que les appels vidéo font désormais quand même pas mal partie de notre vie, ça c'est clair, et qu'à haute dose ils peuvent nous fatiguer de manière insidieuse. 

Je crois qu'on en a d'ailleurs tous fait plus ou moins l'expérience après justement, ces visios un peu longues ou ces journées de visios multipliées avec cette sorte de fatigue qu'est d'ailleurs une fatigue qui était un peu nouvelle, ou en tout cas qui a un ressenti physique un peu différent des autres fatigues qu'on peut expérimenter, je trouve. 

Donc : on évite d'enchaîner les visios de 8 h à 18 h tous les jours, on fait des pauses et on essaie de diminuer la lumière bleue, donc le temps devant les écrans en faisant des pauses. 

Avec la visio, on passe plus de temps à se voir, se regarder. Est-ce que ça n’aurait pas non plus un impact sur nos comportements ?

Il y a quand même une réflexion qui me vient Mélissa, avec cette histoire de “Zoom Boom” : au-delà de tout ça, avec la visio, on passe pas mal de temps à regarder sa propre tête, au final, tu l'as dit un peu tout à l'heure, ça développe pas un peu notre narcissisme ?

Est ce que ça a des conséquences sur ce truc-là, sur notre comportement ?

Mélissa : Un petit peu et ce sera la question qu'on se posera en commençant l'année prochaine ! 

Est-ce que notre vie connectée a un impact sur la perception de notre image physique. On verra ça l'année prochaine.

Guillaume : Ok, super ! On va pas vous spoiler, du coup. Va falloir revenir en début d'année prochaine, comme Mélissa vient de vous le dire, vous l'aurez compris pour la deuxième partie de cette thématique sur le Zoom Boom ! 

En attendant, c'est la fin de cet épisode. N'hésitez pas à continuer de liker, de commenter, de partager cet épisode au sein de vos réseaux, voire si le cœur vous en dit, de lui mettre cinq étoiles sur Apple Podcast et Spotify avec éventuellement un petit commentaire pour soutenir l'émission. Ça fait toujours plaisir. Merci d'ailleurs à ceux et celles qui le font déjà. 

N'oubliez pas non plus que la transcription de cet épisode est disponible sur notre site. Le lien est en description du podcast. Peu importe où vous l'écoutez, il y a la petite description qui va bien avec les liens de tout ça. 

Et enfin, on serait ravis, plus que ravis que vous nous envoyiez vos anecdotes de visios, de ce que ça a changé dans votre quotidien, en bien comme en mal. C'est évidemment totalement anonyme et vous pouvez le faire grâce au répondeur de l'émission, présent également dans la description de ce podcast.

C'est très simple à utiliser vraiment, surtout avec un smartphone. Voilà, c'est quasiment un clic pour lancer l'enregistrement, un clic pour l'envoyer donc n'hésitez pas. En tout cas, nous on sera ravis de rebondir sur vos anecdotes de Zoom Boom. 

Voilà, d'ici là, merci beaucoup Mélissa. Et puis à très vite !

Mélissa : Merci Guillaume, salut tout le monde !

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