#4 Comparaison sociale : Suis-je ceux et celles que je follow ?

Parlons d'un réflexe que l'on a tous et toutes dans nos environnements sociaux, la comparaison sociale ! On essaiera de comprendre comment elle fonctionne et ses conséquences parfois négatives.

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Transcription

Guillaume : Bonjour à tous et à toutes et bienvenue dans Micro-ondes Cérébrales, le podcast qui réchauffe toujours vos méninges ! Moi c'est Guillaume et je suis avec Melissa. Salut Melissa ! 

Mélissa : Salut Guillaume !

Guillaume : Dans cet épisode, nous allons vous parler d'un réflexe que l'on a tous et toutes dans nos environnements sociaux et surtout en ligne c'est le mécanisme de comparaison sociale. On essaiera de comprendre comment fonctionne ce mécanisme et quelles en sont ses conséquences parfois négatives. 

Et ensuite, bien entendu, comme d'habitude, on vous donnera un petit guide d'autodéfense cérébrale contre les pièges tendus par ces comparaisons sociales. 

Est-ce que, par exemple, je dis ça un peu au hasard, quand je ne vois que sur Twitter des gens qui excellent dans un domaine que j'affectionne, est ce que je fais des comparaisons sociales à ce moment-là, Melissa ?

Melissa : Eh bien oui, puisque finalement, les comparaisons sociales, nous les faisons tous, tous les jours, et peu importe, d'ailleurs, si on est en ligne ou pas. Concrètement, le cerveau effectue des comparaisons dès qu'il y a des informations sur d'autres personnes de notre entourage, hors ligne ou en virtuel. 

La comparaison sociale existe depuis la nuit des temps, elle consiste à nous comparer aux autres afin de nous situer socialement.

La comparaison sociale existe donc d'abord hors ligne depuis la nuit des temps. Elle consiste à nous comparer aux autres afin de nous situer et a des conséquences sur nos émotions et parfois même sur notre estime de soi.

Guillaume : OK, ok, je vois. C'est vrai que pour ne pas déprimer après avoir vu un peu tous ces gens, je m'étais dit que j'allais enlever tous ces comptes "inspirants" sur mes réseaux.

Melissa : Alors non pas la peine, car en fait on peut avoir deux types de comparaison sociale. Il y a d'abord les positives. Ce sont celles qui consistent à se comparer à des personnes que l'on trouvera moins compétentes ou moins avancées que nous sur des dimensions particulières. Donc, cela peut nous faire souligner la gratitude à ressentir sur des éléments de notre vie.

La comparaison sociale dite positive consiste à se comparer à des personnes que l'on trouvera moins compétentes ou moins avancées que soi.

Guillaume : D'accord, je vois, histoire de se sentir directement mieux quand on voit des gens, d'autres personnes un peu mal en point, quoi (rires).

Melissa : Et bien, cela va dépendre de notre contexte. Donc parfois, si on est vulnérable, une comparaison sociale positive peut nous rendre pessimiste et nous faire sentir que l'on pourrait perdre ce qu'on a en plus. 

Le ressenti d’une comparaison sociale positive va dépendre de notre humeur, de nos expériences particulières qui ont potentiellement eu un impact sur nous-même.

Donc finalement, ça dépend de plusieurs facteurs, avant même de faire ce type de comparaison sociale. Ça peut dépendre de notre humeur, de nos expériences particulières qui viennent d'avoir lieu et qui ont potentiellement eu un impact sur notre estime de soi. Comme le fait de gagner ou bien de perdre une compétition par exemple.

Guillaume : OK, mais du coup, j'en fais quoi moi ? Des profils avec ces gars et ces filles qui exposent leurs projets trop stylés sur les réseaux ?

Melissa : Eh bien, la même chose que moi avec les comptes de voyageuses qu'on prendrait pour des sirènes dans des paysages de folie. On prend un peu de recul. 

En fait, quand ces comptes nous posent un problème, c'est que l'on procède cette fois-ci à une comparaison sociale négative. On se sentira cette fois donc moins avancé et moins chanceux ou moins compétent. Et dans ce cas, c'est vrai que c'est parfois associé à la dépression. 

La comparaison sociale dite négative peut, dans différents contextes, être aussi une source de motivation, même si elle est plus régulièrement source de déprime.

Mais cette comparaison peut opérer différemment dans un contexte où on est plus optimiste, puisqu'il est probable que ces personnes puissent nous inspirer, nous motiver notamment à nous dépasser. Mais quand, dans d'autres cas on est plus vulnérables, où l’on a le “seum”, ces posts viennent nous faire sentir encore plus mal.

Guillaume : OK, donc en fait, dans la vie de tous les jours, on fait des comparaisons sociales positives quand on se sent plus avancé que d'autres, ou au contraire des comparaisons sociales négatives quand c'est les autres qui semblent plus avancés que soi-même. Et ça peut nous faire nous sentir plus ou moins bien en fonction du contexte. 

Bon, ça, c'est clair que c'est un truc vieux comme le monde et la cour de récré, j'ai envie de dire. Mais sur Internet : est-ce qu'il y a des spécificités supplémentaires ?

Melissa : Oui, parce qu'en fait, il est vrai que le cerveau est soumis à ce qu'on appelle le biais de correspondance, c'est-à-dire qu'il se fait le film de la vie des gens à partir d'une information. Il imagine beaucoup, à partir de très, très peu. Et c'est là que réside le gros piège. Car sur Internet, les informations d'autres personnes que l'on peut y trouver sont très partielles et mises en scène.

Lors d’une comparaison sociale, le cerveau est soumis au biais de correspondance : il comble les trous du morceau de l’histoire auquel on a accès. Et c'est là que réside le piège.

Guillaume : Oui, c'est vrai qu'on ne sait pas tout sur ces gens. Évidemment, on poste rarement les disputes de couple qu'il y a pu avoir quelques minutes avant la superbe photo dans un champs, au bord de l'eau ou au bord d’une plage.

Melissa : Tout à fait, on ne voit uniquement que ce que les personnes choisissent de montrer. Et en général, ça va être des informations ou des photos qui vont mettre le profil en valeur. Donc on a moins souvent accès à leurs combats au quotidien, ou alors plutôt quand le combat est déjà gagné et qu'ils en sont fiers. Et puis, au-delà de cette sélection, il y a aussi l'édition.

Guillaume : Oui, parce qu'une fois qu'on a choisi ce qu'on partage ou pas, finalement, on a encore du décalage avec la réalité, par le biais, par exemple de filtres, ou même de la manière de s'exprimer.

Melissa : Complètement. Les filtres jouent un jeu, mais avant cela, on choisit la meilleure photo parmi d'autres. On recadre éventuellement un paysage pour ne pas laisser paraître un ou des touristes. Et on va préférer l'image d'un territoire désert rien que pour nous.

Guillaume : C'est vrai que je me méfie souvent de la mise en scène que l'on peut donner à ces informations que l'on diffuse sur Internet. Parce qu'il y a souvent un gros décalage avec la réalité. 

J'ajouterais d'ailleurs que je trouve, à titre personnel, qu'on n'est pas assez formé à l'analyse d'images dans notre vie depuis l'école, presque. Le simple fait d'écrire un message, de faire une photo ou une vidéo, c'est une vision cadrée, montée et donc déjà déformée de la réalité. 

Le simple fait d'écrire un message, de poster une photo ou une vidéo, est une vision cadrée, montée et donc déformée de la réalité.

De la nôtre déjà, puisqu'on y appose, comme je l'ai dit, un cadre, mais aussi évidemment des autres. Puisque quelque part, on impose aux autres une vision de notre réalité, mais qui n'est pas forcément la leur. Et ça, je trouve que, au quotidien, on n'en est pas assez conscient.

Melissa : Eh bien, c'est aussi la raison d'être de ce podcast ! C'est justement de prendre conscience de ces décalages entre ce que l'on voit sur Internet, et la réalité. Et puis là, dans le cadre des comparaisons sociales, il reste aussi encore le fait de saisir que les posts que l'on voit ne viennent que de ceux qui postent. 

Donc, lorsqu'on voit un feed, même plusieurs jours de suite, on ne prend pas des nouvelles des gens au global. On est exposé aux posts des gens qui postent seulement. Et tous les autres existent, et on ne sait pas non plus où ils en sont.

Lorsque l'on voit un flux d’informations, on ne prend pas “des nouvelles” des gens au global. On est juste exposé aux posts des gens qui postent.

Donc, dans notre vie en général, nous sommes amenés à faire des comparaisons sociales. Qu'elles soient positives ou négatives, elles peuvent avoir un impact plus ou moins positif selon le contexte dans lequel on est exposé aux informations de notre environnement. Sur Internet, la partialité des informations partagées comme celle des posts nous amène plus facilement à faire des comparaisons sociales qui vont être négatives. 

Parce que, encore, on veut mettre en valeur les profils. Donc il ne faut pas oublier la mise en scène, la sélection et l'édition des informations qui toutes rajoutent de la distance avec le fait que le monde ne s'expose pas de la même manière.

Il est important de maintenir des conversations directes avec les personnes de notre entourage, afin d’amener une nuance beaucoup plus réaliste sur notre environnement social.

Donc finalement, Guillaume, les gars, avec leurs 10 000 projets, tu ne les vois pas souffrir quand ils ont le syndrome de la page blanche ! Et moi les pseudo-sirènes, je ne les vois pas engueuler leur conjoint avant de prendre une photo parce qu'elles rentrent tellement leur ventre qu'elles ne respirent même plus.

Donc on se rappelle que tout ça ne sont que des fragments spécifiques et choisis et on maintient des discussions avec d'autres pour mieux saisir la vraie vie des gens.

Guillaume :  Effectivement, et d'ailleurs, il y a quelques comptes Instagram (qu'on pourra mettre en lien en description de ce podcast) qui ont évoqué ces dernières années, ces derniers mois, les coulisses de leurs photos. 

Des personnes qui avaient un petit peu monté leur business sur le fait d'avoir une image irréprochable et qui, suite à par exemple un burn out ou à une pression un peu trop forte de l'image qui était renvoyée, ont expliqué que tout ça n'était pas le fruit du hasard, évidemment, et que pour la plupart, c'était finalement plus un métier qu'autre chose. 

C'est hyper intéressant de creuser la manière dont, comme tu l'as dit, ont été fabriqués tous ces messages, ces photos, ces vidéos. 

En tout cas, merci Mélissa. C'est la fin de cet épisode de Micro-ondes Cérébrales consacré à la comparaison sociale, on espère qu'il vous aura plu. 

N'hésitez pas à nous partager comme d'habitude vos anecdotes de comparaison sociale : si ça a généré éventuellement de la pression dans votre quotidien ou si, au contraire, vous avez réussi à prendre de la distance et à consommer ces nombreuses formes de messages sur les réseaux, comme un divertissement.

N'hésitez pas aussi à consulter la transcription de ce podcast sur le site Internet, dans lequel vous trouverez aussi quelques liens vers les concepts clés, et à mettre les fameuses cinq étoiles sur Apple Podcasts ou sur Spotify pour permettre à ce podcast, de rencontrer le plus de public possible et puis d'avoir de plus en plus de retours de votre part, pour que l'on puisse répondre à vos questions et éventuellement proposer des sujets qui seront issus de vos propositions, pourquoi pas ? 

Nous, en tout cas, on se retrouve dans deux semaines pour un nouvel épisode. Salut !

Melissa : Salut !

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